Nous en étions au mariage. Attention, les mariages là bas n’ont rien à voir avec les mariages ici. Comme je disais hier, un petit mariage peut se transformer en mariage « populaire ». Tous le monde vient, même les passants qui n’ont rien à voir avec vous s’arrêtent pour boire un coup. On a intérêt à prévoir grand. 30% des convives apportent un cadeau (en dehors des mariages musulmans et des mariages chez les ébriés où tous les jeunes de la même génération offrent un trousseau aux jeunes mariés, les autres repartent avec un souvenir. Une belle assiète dans laquelle ils ont été servis, un couteau, une soupière…., attention, il ne faut pas généraliser tout de même, ça ne se fait pas partout.
A la différence des mariages chez nous, les invités ne viennent jamais sans rien. On vous demande d’avance, ce que vous aimeriez comme cadeau, on vous demande si vous avez une liste…..
Les mariages peuvent parfois se compliquer. Tenez, je suis allée à un mariage ivoiro sénégalais, une guerre froide s’est installée entre les deux belles soeurs. L’une voulant au sommet du gâteau, un couple mixte, et l’autre voulait à tout prix que ce soit le couple « non mixte » (un couple totalement noir) qu’elle avait eu beaucoup de mal à trouver.
Une autre, plus diplomate, a fait disparaitre les objets du litige….
Ici, ce qui épuise souvent, c’est le plan de table. Qui s’assoie où et à côté de qui. Il ya ceux qui ont moins d’affinité, ceux qui sont timides etc.
Là bas, tout le monde connait tout le monde. On se parle plus facilement et même trop facilement. On s’assoie souvent où l’on veut, il n’y a pas de plan. Les mariages organisés aujourd’hui sont des mariages dit à l’européenne.
Le repas. Il faut qu’il soit copieux. Si les gens viennent, c’est pour bien manger et s’amuser, pas pour dit-on s’assoier et se regarder dans les narines. Mêmes les sauces sont permises au risque de faire des tâches sur les vêtements délicats de grand jour.
Ici. Le menu est pensé, testé, choisi, pas d’imprévu ni de surplus. On mange juste ce qu’il faut, on discute, on discute encore et encore et personne ne brise la règle avant le dessert. On est tellement assis qu’on a mal aux fesses et si les chaises étaient en plâtre, on y laisserait même des marques. On finit par danser quand les convives commencent à montrer des signes de fatigue.
Chez nous, un mariage c’est le festin, c’est la fête. C’est bien quand on a bien mangé et bien bu. C’est mieux si en plus de ça on s’est bien amusé.
On n’hésite pas à abandonner son assiette pour aller se trémousser sur la piste quand une musique vous plait. (tu peux aller pour revenir, la nourriture est là); ce mixage fait que on ne connait pas la fatigue, les fêtes peuvent continuer jusqu’au petit matin.
C’est le spectacle, on exprime sa joie. Les débordements sont permis, à une certaine limite tout de même.
A mon mariage, Nous avons donné envie de danser à tout le monde. Ce fût une belle fête sympatiue. Je n’aurai pas imaginé autrement. Impossible de rester assis sur ma chaise pendant des heures sans bouger.
Le lendemain nous avons ramené des couleurs au mois de septembre avec nos tenues traditionnelles en Normandie.
En fin de compte, le match est nul lorsque les deux parties sont en accord. Il y a des situations où chacun veut imposer sa façon de faire. Ma chance c’est que nous étions d’accord sur le style de mariage. Beaucoup exotique: mini chorale à l’église, musique à 60 % africaine, repas mixte….
Une fois l’euphorie du mariage passée, il faut passer à la naissance du premier bébé. Il y a beaucoup d’autre aspect de la vie du couple mixte que je ne traiterai pas dans un post aussi « léger »…
Je brosse seulement les grandes lignes….
En attendant le bébé, je vous laisse discuter l’issue du match des cultures…
Je n’avais pas lu ce post? Ni le précédent. J’aime beaucoup. Oui, il y a toutes ces différences, et rien n’est jamais insurmontable, mais tout peut le devenir. J’aime les principes de chez toi, mais on ne peut faire ça en France, car il n’y a pas la même ambiance : on risquerait (en ville surtout) devoir arriver des gens vraiment indésirables – ça m’est déjà arrivé, dans une soirée, de voir arriver des gens qui ont sonné à la porte et que quelqu’un fait entrer, mais en fait personne ne les connaît, et qui fichent le bazar (ça m’est aussi arrivé de le faire, hm, mais je ne sème pas le désordre).
Ce qui est frappant, c’est que parfois, on n’est pas choqué par une coutume intellectuellement, mais quand on vit le truc, on a du mal à s’y faire (je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire).
Rien n’est insurmontable, mais c’est atroce quand l’hostilité s’installe entre deux groupes, quels qu’ils soient, car plus rien ne devient possible.
Fanette, tu me fais penser qu’il faut reprendre cette série.
D’accord avec toi pour les raisons de se méfier en France. On ne sait jamais sur qui on peut tomber. Aujourd’hui en Côte d’Ivoire les gens seraient moins « accueillants » à cause de tous ces troubles qu’il y a eu, tous ces déchirements… Mais il reste tout de même ce petit côté collectif, amical…
Et puis, beaucoup vivaient et vivent encore dans des cours ouvertes (longères ici) regroupées en lotissements où les voisins se connaissent bien, les enfants grandissent ensemble, partagent leurs repas…, vous voyez les mêmes personnes passer devant chez vous tous les jours, qui vous disent bonjour et prennent les nouvelles de la famille, s’arrêtent pour boire, faire une pause… demander conseil. Alors quand vous faites la fête, forcément, ils s’arrêtent aussi pour participer, profiter de ce qu’il n’ont pas chez eux.
Je me souviens encore de l’été 2007 en Côte d’Ivoire. A un anniversaire où nous étions invitées mon amie et moi (c’était l’anniversaire de son frère), nous étions parmi les premiers arrivés et avant nous, il y avait les badauds. Ils étaient là. Parce qu’ils connaissaient vaguement le jeune homme et parce qu’ils savaient qu’ils seraient servis quoiqu’il advienne.
C’est ça qui devrait continuer. Mais le monde est devenu fou, si difficile, si personnel…