CES LIENS QUE NOUS TISSONS AVEC NOS PARENTS

Les liens familiaux ne sont plus aujourd’hui tout à fait ce qu’ils ont été et ce qu’ils auraient dû être. Ceux qui en souffrent le plus souvent c’est ceux là mêmes qui nous ont donné la vie et nous ont couvé comme la femelle d’oiseau avec ses oisillons. Cette note en trois parties n’est valable que si vous lisez les deux autres textes. Vous n’y êtes pas obligés mais cela vaut la peine pour toutes nos personnes âges dont je vais illustrer la fin de vie d’un exemple pas du tout gai.

Surtout que ce fait survient autour des fêtes.

Pour commencer, une petite rétrospective de ces liens particuliers, que j’ai personnellement tissés avec ceux qui comptaient et qui comptent le plus pour moi.

A commencer par mes arrières grands parents. Je commence par la génération la plus ancienne parce que ma vie a commencé à l’envers c’est sans doute pour cela que je  suis comme je suis.

Mes arrières grands parents ont  été les premiers intervenants dans ma vie parce ma mère, leur petite fille s’est retrouvée mariée très jeune, à 15 ans, puis orpheline très vite aussi. Dès ses premiers mois de grossesse. On peut aisément imaginer qu’elle puisse avoir beaucoup de peine à assumer une vie de couple en plus d’une grossesse.

Après la maternité, elle fugue chez mes grands parents. J’y ai vecu jusqu’à 5 ans avec de petits aller retour chez mon père. Je comprends aussi aujourd’hui ma vie de nomade, toujours sur la route…

Auprès de mon arrière grand mère, j’ai appris très vite à observer, puis à mettre en pratique ce que font les autres. Comme tout jeune fille et future femme, j’ai appris à tisser le raphia, à tisser le filet de pêche, aussi grand que moi mais tissé de mes propres mains. Avec elle j’ai appris à pêcher, à cultiver les champs. Il faut dire que je la regardais faire et je posais milles questions. Ce que j’adorais le plus c’étais la transformation en « produits dérivés » Savoir par exemple utiliser les graines fraîches de palmier pour fabriquer le beurre nécessaire au petit déjeuner. Avec les mêmes graines séchée, fabriquer de huile noire pour le corps et les cheveux, la même huile ingredient principal pour la fabrication du savon noir, le vrai.

Auprès de mon arrière grand mère, j’ai su les bienfaits de l’argile sur le peau, et comment donner un air de sol marbré dans sa case en mélangeant la terre et la poudre de grès. J’en ai appris des choses. Comment faire par exemple un plâtre avec de la terre de termitière pour les fractures… La liste est longue.

Mon arrière grand père, presque centenaire dans ces années là, avait perdu la vue puis l’usage de ses jambes. mais il est resté entouré jusqu’à la fin. Mon terrain de jeu favori, en dehors du temps que je passais avec les autres, c’était autour de sa case. Il avait pour habitude de se lever au premiers chants de  coqs. Assis, face à sa porte d’entrée, la tête un peu inclinée en avant, sans doute pour donner l’impression de voir. Il attendait le défilé de ses enfants, ses petits enfants et ses arrières petits enfants

Je me souviens que j’aimais bien le tester. Passer des « centaines  » de fois devant lui, dans un sens ou dans l’autre, pour vérifier qu’il me « voit » bien et qu’il ne fait pas semblant. Il reconnaissait les pas de chacun, la voix des un et des autres, la façon de respirer…

Lorsque je luis demandais ave mon innocence de fillette:

Mais grand père, comment sais tu que c’est moi, tu ne me vois pas ,es aveugle? Il répondait, d’une voix paisible:

« Je te reconnais parce que tu es ma petite fille, je sais comment tu respires, je sais comment tu marques tes pas, je sais comment tu ris, et avant de faire le tour de ma case en courant ou à pas feutré, je le dévine, je ne serais pas ton grand père sinon. »

Avec mes oncles et mes cousins, j’ai appris à fabriquer des lance pierres, à fabriquer mes propres poupées en bambou. A lever les pièges. J’étais un enfant des bois, heureuse de vivre en pleine nature avec mes arrières grands parents; ces années là comptent parmis les meilleures de ma vie

Lorsqu’il a fallu me scolariser et donc aller vivre avec mon père en ville, cela a été le grand choc….

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