JOHNNY MAD DOG, la vie d’un enfant soldat

johnny-mad-dog0001Je commence cette note par un poème, dédié à tous les Johnny Mad Dog de par le monde. Tous ces enfants privés d’enfance, utilisés, exploités.

Lorsque Richard Santoro de Reservoir blog a mis ce film à la une il y a peu, j’ai commenté en promettant de ne jamais le voir, parce que trop concernée par la situation de guerre, et je me demandais ce que deviendraient ces enfants engagés pour le tournage. J’ai eu des réponses. Je n’ai toujours pas vu le film, je vous cède ma place et je compte sur ceux qui iront le voir de me livrer leurs impressions…

Christopher Minie, dit Babyboy, alias Johnny Mad Dog

D’un naturel déconcertant et dégageant une violence aux antipodes du gamin réservé qu’il est. Comme il est illettré, Stéphane Sauvaire a dû lui apprendre les dialogues mot à mot.

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Laokolé, alias Daisy Victoria Vandy

Aujourd’hui, elle poursuit sa scolarité. Elle veut devenir avocate.

A Johnny, à tous les enfants, quel que soit le sexe, ce poème est pour vous.

Je suis un soldat

Pardon, un enfant

Si Dieu existe et

Qu’il n’est ni sourd ni aveugle,

Il fera la différence

S’il brille par son absence

Je prends la relève

Avec ma Kalashnikov,

Mon fusil mitrailleur,

Mon fusil à canon scié

Mon coupe coupe

L’illusion d’être lui me rend invincible,

Insaisissable, une bête à tuer.

Celui qui décide du droit de vie ou de mort

Bourreau moi?

Peut être.

Clone c’est sûr,

De ces lâches adultes,

Avides de pouvoir et de vanité

Qui nous utilisent comme missiles,

 Soucieux d’attendre leurs objectifs.

Plutôt que de nous laisser grandir,

Je suis un soldat,

Oh pardon, un enfant

Mon passe temps

C’est les embuscades

Le pillage, le meurtre

A qui la faute?

Ma famille, c’est mon commando,

Après mon bourreau,

Faites-la vous même votre salle guerre!

Laissez moi jouer, laissez moi vivre

Willykean

Johnny Mad Dog est une adaptation du roman « Johnny, chien méchant », du Congolais Emmanuel Dongala. Jean Stéphane Sauvaire a  passé deux ans au Libéria. Il a contacté d’anciens chefs de guerre pour dénicher des acteurs capables dincarner in phénomène tristement populaire en Afrique. -les enfants soldats. Il a vécu sous le même toit que quinze « bébés tueurs » à onrovia, la capitale libérienne.

Résumé du film

Ce que j’ai envie de lour ici c’est le suivi de Monsieur Sauvaire par le biais de la fondation qu’il a crée pour ces enfants.

 

Coeur de feu, mon enfance assassinée par Senait Mehari

Le roman d’un ex enfant soldat.

La guerre fait des ravages. Elle bouleverse vos vies, elle transforme des humains en machine de guerre, prête à tout détruire sur leur passage. La guerre n’a pas de visage, elle est à la fois violente et sournoise, douloureuse.

En temps de guerre, c’est la loi de la jungle qui prévaut: vivre ou mourir, peut être vivre à tout prix. Et pour rester en vie certains, surtout des enfants sont prêts à s’enroler dans les milices, à d’autres par contre on ne laisse pas le choix.

Senait Mehari est de ceux là.

Abandonnée par sa mère désormais inapte à jouer son rôle de mère protectrice, Senait passe les premières années de sa vie dans un orphelinat, puis finit dans une unité de rebelles. Elle a connu  toutes sortes de corvées: enterrer les corps des combattants (enfants pour la plupart, comme elle), porter les kalachnikov presqu’aussi grands et plus lourds qu’elle. Moments de détresse insoutenable sans parler des viols répétés des soldats. Elle y a survécu. Puis un jour, son oncle déguisé en bedouin est venu l’extraire de l’unité et elle a pu enfin rejoindre son père exilé en allemagne, à Hamburg. Là elle rencontre l’amour.

Sa passion pour la musique l’a entrainée dans une girls band, avant qu’elle ne décide de voler de ses propres ailes. Aujourd’hui Senait est une star de la chanson en allemagne et le livre qui retrace son parcours d’enfant soldat est un bijou: poignant et très instructif, surtout pour nos petits chérubins, qui se lamentent dès qu’ils ont un bouton mal placé….

L’histoite de cette enfant est retracée dans COEUR DE FEU

En voici l’extrait:

Extrait du livre :
L’enfant de la malle

Lorsque je sortis pour la première fois de la maison de mes grands-parents, une bande de gamins du voisinage passa devant moi dans la ruelle poussiéreuse en criant :


– Senait, l’enfant de la malle ! L’enfant de la malle est arrivé !
Leurs hurlements rauques m’effarouchèrent, mais ils ne savaient pas plus que moi ce que signifiait «l’enfant de la malle». Ils ne faisaient que répéter ce qu’ils avaient saisi au vol dans les conversations des adultes. Ce n’est que bien plus tard que je sus pourquoi ils m’avaient appelée ainsi.

Mes parents s’étaient séparés avant ma naissance et mon père ne voulait plus entendre parler de moi. Sans argent et avec un enfant sur les bras, ma mère sombra dans le désespoir. Adhanet, c’était son nom, venait d’arriver à Asmara. Sa famille venait d’Addis-Abéba, en Ethiopie ; celle de mon père d’Adi Keyh, une petite ville des hauts plateaux de l’Erythrée. Ces deux peuples se faisant la guerre depuis plus de quinze ans, on peut aisément comprendre que cette situation n’était pas facile à vivre : un enfant né de cette alliance jetait la honte sur ses parents.

Mon arrivée était donc, pour différentes raisons, bien peu souhaitée. Aussi, quelques semaines après ma naissance, ma mère prit la décision de se débarrasser de moi. Toutefois, elle n’osa pas me supprimer et choisit un compromis entre l’infanticide et l’abandon : laisser le destin décider de mon sort.