Dileme:partir ou rester?

Nous avons trouvé un moyen d’aider financièrement ceux qui sont là bas, pris en otage par cette guerre sans nom.

Aujourd’hui, il est question de décider quoi faire. Pour échapper aux lance rockets et compagnie, il faut trouver un autre endroit, s’il en reste, où ils seront un peu en sécurité.

Le choix est aussi vaste que les risques encourus. Impossible d’aller vers l’ouest,chez eux, en ce moment, ça ressemble à Bagdad: villes et villages détruits, des habitants en fuites ou assassinés ( ça aussi ce n’est pas nouveau, mais le TPI n’en a que faire)!  Pour ces petites villes aux sous sols riches en or et diamant, le terrain de jeu est idéal pour les armées appelées à la rescousse de Goliath. Il faut mâter les davids.

Toutes les statistiques sont pour Goliaths. A croire que ceux qui meurent en face ne sont pas des êtres humains.

Bref, ils n’iront pas chez eux à l’ouest. Ils pourraient aller vers le sud ouest. Le problème, c’est que par là bas, les combats font rage entre population et armées étrangères qui essaient de débarquer pour instaurer une démocratie. Il y a cependant une chance infime. Ne pas faire de mauvaises rencontres. Et passer la frontière jusqu’au libéria.

L’autre option, c’est de partir vers l’est, que mon père connait très bien pour y avoir travaillé comme infirmier de brousse. Probablement deux jours de voyage en faisant une boucle afin d’éviter les mauvaises rencontres.

Mais ce n’est pas là le plus important dileme, Mon père ne veut pas fuir en laissant sa famille dispersée. A Abidjan la capitale, ils sont au total sept familles de la même branche. Donc environ trente individus de la même lignée. Alors certains refusent de partir ensemble. C’est comme pour l’avion où il est souvent conseillé de ne pas faire voyager tous les membres d’une même famille par un seul vol.

En cas de guerre, c’est pareil. Ma nièce ne craint pas de se faire tuer, mais de voir presque toute sa famille disparaître. Mon frère n’est pas en reste. Il est catégorique, ne veut pas prendre le même convoi que les autres. Ce sera sans doute chacun pour soi, Dieu pour tous, s’il est encore là. (pardon, je perds un peu la foi depuis quelque temps)

Nous avons jusqu’à ce week end pour décider. Mais qui peut prendre une telle décision pour les autres?

Moi assise devant mon ordinateur à Paris? Je n’ai pas envie de les voir tomber sous les balles de l’Onuci, de l’armée ivoirienne, de l’Ecomog, ou des soldats bangladesh, ni du commando invisible. Je ne souhaite pas non plus qu’ils périssent tous en chemin en voulant  gagner un sursis improbable.

Nous allons peut être les aider financièrment et laisser chacun décider de sa propre vie.

N’est ce pas qu’elle est très franche et belle la démocratie?

Envahir un pays au nom du droit et de la liberté, un droit que j’ai du mal à comprendre. J’ai l’impression que cette bataille n’est plus une bataille d’ivoiriens mais un bataille des AUTRES.

La vérité est à sens unique et le monde détourne le regard pour ne pas se sentir coupable.

L’histoire finira un jour par triompher. Le problème c’est que notre histoire à nous est toujours étouffée ou arrangée pour convenir aux bonnes gens.

Voilà pour ce matin. Le marathon va démarrer à neuf heures.

Joyeux week end à vous.