Non admise: it is time to leave!

Renvoyée comme une malpropre.

easyjet

Aujourd’hui je joue, je joue en racontant ma mésaventure, mais en juin 1986, je ne jouais pas du tout.

Non admise, c’est le titre de mon histoire. Pourquoi non admise? C’est l’étiquette qui m’avait été attribué il y a 23 ans.

Tout le monde aime voyager, tout le monde rêve un jour de visiter un pays étranger; pour certains, ceux qui viennent du nord, les démarches sont plus faciles. Dans le sens inverse, c’est une mission presque impossible.

En 1986 donc, je décide de venir étudier en France. Les problèmes ont commencé dès que ma soeur m’a informée de l’arrivée du billet.

Je me précipite à l’agence  pour le récuper et là. No way! Les consignes sont claires. Pour retirer son billet, il faut justifier d’une inscription préalable dans une école et de revenus suffisants. Désespérée, je vais voir Le Juge B, père de ma meilleure amie, afin qu’il me donne quelques conseils.

Voilà ce qu’il m’a dit:

« retourne à l’agence et dis leur que tu es une citoyenne du monde, que tu as le droit de circuler librement et que aucune loi n’exige de présenter ses revenus avant de voyager. »

Vous comprendrez pourquoi aujourd’hui, je clame à qui veut l’entendre que je suis UNE CITOYENNE DU MONDE.

Pas très convaincue mais grandie par cette maxime, je retourne à l’agence l’après midi. Heureuse coincidence ou chance, je n’en sais rien mais mon billet m’a été remis et j’ai pu organiser mon voyage.

Ce n’était pas Easy Jet mais une autre compagnie.

Le plus dur m’attendait à Roissy. Nous avons atterri à 7h le matin. Le voyage s’est bien déroulé. Hôtesses à nos petits soins, stewards tout sourire… A l’atterrissage, j’emboîte le pas à un jeune sénégalais, mon voisin d’avion. Nous empruntons l’escalator qui nous mène à la police des frontières, dernier sésame avant de fouler le sol français. Et là, je fais mon premier « atterrissage forcé ». Après avoir retourné mon passeport dans tous les sens, le policier en face me dit de me mettre à côté.

Il passe un coup de fil dans sa radio. Résultat, quand il revient à moi, il faut me conduire au poste. Je suis une Non Admise. Mon voyage s’achevait apparemment à Roissy. En passant devant les vitres qui nous s’éparent de la zone internationale, j’aperçois ma soeur, elle ne comprend pas, elle essaie d’en savoir plus. Et moi, je pars vers une zone inconnue, dans l’aéroport, le poste de police; un petit local avec deux bureaux et trois chaises.

On me propose de m’asseoir sur l’une d’elles. Je reste droite comme I. Je m’étais jurée de rester digne quelques soient les circonstances. Je suis triste, frustrée, en colère. Mais il ne faut rien laisser paraître. Ma soeur a essayé de me faire passer de l’argent pour que je puisse m’offrir des magazines. J’étais déjà une accro de magazines et de shopping à l’époque. No way! Il faut croire qu’une non admise, et donc une sous citoyenne, ne peut recevoir de l’argent de sa famille.

Toute la journée je suis restée assise sur ma chaise. Tous les « gentils » policiers m’avaient affublée d’un surnom: « La dame en rose » . J’aurais préféré Pink Lady. Ce jour là j’avais voulu faire concurrence à cette milliardaire dont je ne me souviens plus le nom, celle qui a passée toute sa vie en rose.

Je portais un ensemble rose. Chemisier à manches transparentes nouées aux poignets et à l’encolure. Jupe volante, rose aussi, à plis fins. Les chaussures, je ne sais plus. Elles n’étaient pas roses en tout cas. Mais je crois que je méritais mon surnom de Dame en rose.

J’ai dû supporter les sarcasmes de ces policiers qui devaient sans doute s’ennuyer lorsqu’ils n’avaient pas de NON ADMIS à coffrer. Pour aller au toilettes, j’ai eu droit à une escorte femme. Porte des toilettes ouverte. Au cas où j’essaierais de me couper les veines ou de m’enfuir dans un aéroport et une France que je ne connaissais pas.

J’ai eu faim, et je n’ai pas mangé, j’ai eu soif, et je n’ai pas bu, j’ai été triste, et on sait moqué de moi. Mais willykean est restée digne. Comme disait souvent mon père, ne jamais fuir devant l’ennemi en tant de guerre ou dans la vie courante. Ici, ce n’était pas des ennemis, c’étaient des… quoi déjà? Ils faisaient leur travail n’est-ce pas? Une non admise, c’est comme une criminelle. Mon crime? Celui de vouloir étudier en france et d’avoir oublié un document important pour entrer en France.

J’ai su plus tard que j’avais eu la chance lorsque en milieu de journée, j’ai vu un malien sortir d’un local de la police des frontières, enchaîné aux chevilles. Il tenait une boîte; et quand je me suis enquise du crime de ce monsieur, on m’a répondu que c’était un non admis comme moi, mais qui avait moins de chance. Comme Kounta Kinté dans Racines, il était enchaîné. La boîte c’était son verre.

J’étais une veinarde moi, willykean!!! J’avais une chaise et le droit de  m’asseoir dans leur bureau! De quoi je me plains! Imaginez un peu. Arrivée à sept heures le matin, assise au même endroit jusqu’à vingt heures sans bouger. Mais souviens toi willykean, souviens toi. Ne jamais fuir, ne jamais montrer ses faiblesses. Avoir le cran de regarder celui qui va te poignarder, droit dans les yeux. J’ai tenu grâce à ces paroles. Je pensais à mon père, à mes soeurs, à toute ma famille. A l’injustice qui fait de nous des gens du sud.

Le soir enfin, un policier est arrivé, il m’a  fait signer un document que je n’ai même pas pris la peine de lire. Puis m’a expliqué que je serais conduite au sofitel de Roissy où je serais gardée par la police jusqu’au matin, avant d’embarquer à huit par le vol retour. Mon voyage n’avait duré que 48 heures. Un aller-retour à 8000 Francs (1200 €), une avance de 450€ à L’école de secrétariat  (Institut Madame) où j’étais attendue l’après midi de mon arrivée pour compléter mon dossier d’inscription. Et un autre visage de la france que j’ignorais jusqu’alors.

J’ai passé la nuit éveillée, dans une chambre du Sofitel, avec des policiers qui se relayaient devant la porte de ma chambre restée ouverte jusqu’au matin. OUi. Ce que vous ignorez peut être, c’est que lorsque l’on est une NON ADMISE, on a pas droit à un peu d’intimité!

Le matin, je me suis préparée comme une FIRST CLASS CITIZEN. Toujours en rose encadrée de deux policiers, qui m’ont conduite dans leur fourgonnette, vers Roissy, pour le vol retour.

La fourgonnette m’a laissée au pied de l’avion. J’ai pris la passerelle avec les deux policiers qui m’escortaient; mon passeport a été confié au commandant. Et ils ont attendu avec moi jusqu’à quelques minutes du départ.

Suite à un violent orage, nous avons failli nous écraser en mer ou sur l’aéroport d’abidajn, mais ça c’est une autre histoire. Je vous la raconterai peut être un jour. Car je sais ce que l’on peut ressentir quand on a un avion en difficulté qui lutte contre un crash.

A l’image de notre héros qui décolle de l’aéroport le plus proche dans www.itistimetoleave.com, même si j’avais eu la possibilité de m’envoler rapidement sur un vol easy jet, le coeur n’y était pas vraiment parce que je n’avais pas fait tout ce voyage pour finir comme un terroriste, surveillée, interrogée, traitée comme un pariat par des policiers qui ont le devoir d’empêcher les étrangers d’émigrer chez eux. 

Cette situation embarrassante, surprenante, imprévue vous est livrée aujourd’hui parce que justement je voudrais gagner un voyage easyjet, celui où je ne serai pas la Dame en Rose, celui où  je serais libre de circuler comme une WORLD FIRST CLASS CITIZEN.

Faites moi décoller avec www.itistimetoleave.com

Billy Billy, récitation

J’ai découvert Billy Billy grâce à Yoro. Il chante ou devrais-je dire il pense. Il critique, il vous dit les vérités que vous n’aimez pas entendre. Billy Billy traite tous les sujets de société. De l’immigration en passant par la corruption, sans oublier la misère qui fait légion dans le pays. Comme disait une amie à moi:

Billy Billy est comme une souris. La souris est très fûtée. Après vous avoir croqué les orteils, elle souffle dessus. Ainsi, vous sentez moins la douleur, ou alors vous ne la sentez pas du tout.

Billy dit les vérités, celles qui font mal, en chantant. Dans récitation, il nous dépeint l’éducation telle que nos enfants la vivent aujourd’hui en côte d’Ivoire.

Tout le monde est obnibulé par le gain. Tout peut se monnayer. Des notes aux diplômes et ce ne sont plus les plus méritants qui réussissent mais ceux qui ont les  poches les plus garnies. La réussite n’est plus une question de Rolex mais plutôt une histoire d’euros.

Pour ceux ou celles qui ne saississent pas toutes les nuances du français d’abidjan (le Nouchi), n’hésitez pas, willykean est là pour interpréter.

Il y a aussi Immigration et Wassakara: à écouter et à méditer.

 

 

PASSEPORT PLEASE (suite)

Le plus important ce n’est pas d’entrer, mais de sortir.

Vous allez très vite comprendre pourquoi. Après mes mésaventures à la frontière d’Autriche qui vous ont été contées ici, vous êtes sur le point de savoir comment on peut risquer de devenir clandestin sans le vouloir, rien que par imprudence…

Reprenons donc l’essentiel des faits. J’accompagne en Allemagne ma star d’employeur avec juste un visa pour l’Allemagne, elle a envie de faire du ski en Autriche en m’enmenant avec elle. On me refoule à la frontière puis je suis sauvée par l’intervention d’un fan policier… Tout va bien, après le séjour, tournage à Venise avant de revenir en france.

Moi qui croyais que les problèmes étaient restés dernière nous en Autriche!

Eh bien non.

Nous prenons le train pour Venise que je decouvrais pour la première fois avec toutes les appréhensions stupides que peut avoir quelqu’un qui n’a même jamais pris de péniche à Abidjan par peur de se noyer au cas où celle ci coulerait. Oui, je suis très alarmiste et j’ai tendance à penser au pire. Bon il y a eu le gag à notre arrivée à l’hôtel mais ça je ne le dirai pas ici. Ce que vous avez à savoir c’est que le bateau taxi est resté 10 minutes de plus parce que tout le monde était descendu sauf moi qui craignais de tomber à l’eau. Ils ont été patients et gentils; j’ai fini par descendre pour enfin libérer le taxi…

Bref. nous prenons donc le train pour Venise, hôtel 5 étoiles, pas loin de la Place Saint Marco, tout le monde est aux petits soins avec nous. J’avais même droit à aller sur le plateau pour assister aux tournages. Tellement formidable que j’oublie passeport, visa, retour… De toutes façons pour moi il n’y avait aucun souci à se faire.

Mais prise d’un doute justifié plus tard, je vais quand même me renseigner au commissariat à côté. Et là, le doute se fait de plus en plus présent. Les policiers ne sont pas sûrs mais ils me donnent l’adresse du consulat et me conseillent vivement d’aller me renseigner.

Me voilà donc au consultat: je patiente dans la salle d’attente. C’est mon tour. J’explique ma situation et demande s’il n’y aura pas de problèmes pour rentrer en france.

« Aucun pour nous Mademoiselle, par contre pour la Suisse si! »

« Si vous transitez par Zurich, il vous faut un visa. Sinon vous ne pouvez pas passer ».

« Mais pourquoi je lui réponds,  comment ça je ne peux pas passer; je ne vais pas pour rester en Suisse, je ne fais que traverser »

« Je sais, mais vous traversez la Suisse et il faut un visa. »

« Mais c’est à 1 h du matin, je serai endormie, je ne verrai même pas Zurich. »

« Je sais mais vous avez besoin d’un visa, c’est la loi. Et vous auriez dû le demander en france avant votre depart. »

« Mince, comment vais-je faire alors, il faut que je reparte bientôt. il me faut un visa. »

« Oui je sais, vous auriez dû y penser avant. »

« Mais je ne vais pas rester ici, je suis résidente en france. »

« Bon voilà ce que je peux faire pour vous. Nous allons vous délivrer exceptionnellement un visa mais il faut quelques jours pour vérifier tous les renseignements avant de vous le donner. »

« Quels renseignements? »

« Ceux qui prouvent que vous résidez bien en france! »

« Mais je réside en france » (je me demande bien où je résiderais si ce n’était pas en france?, j’en viens)

« Nous en voulons la preuve. »

Le policier qui était  jusque là très gentil commençait à s’impatienter, je le comprends, je ne fais pas les choses comme il faut et je veux le culpabiliser de me faire perdre mon temps.

« Alors vous le demandez ce visa ou pas? »

« Bien sûr que oui, je ne vais pas rester à Venise! »

Alors on me fait remplir des documents, plusieurs documents avec tout ce qu’il y a de précis comme questions.

Je rends ma « copie » et je demande à l’agent quand je revenais chercher mon passeport.

« Dans quatre jours environ. Repassez dans l’après midi »

J’ai patienté 4 jours avant de me présenter au consulat à nouveau.

Ils avaient fait leur enquête à L’Hay les Roses, à Levallois Perret puis à Gentilly chez mon Frere, en tout cas je leur tire mon chapeau car il ont fait leur travail comme il faut. (Parce que je vais vous dire moi, la dernière fois que la préfécture de Pontoise a dû faire une enquête sur mon père, ancien Quartier Maitre de la MARINE NATIONALE FRANCAISE,  qui voulait rester vivre avec nous ici (il a 84 ans), il a réçu la réponse un an et demi plus tard presque menaçante,  » dans l’absence d’une réponse de votre part, nous nous verrions dans l’obligation de classer votre dossier »

Pas grave, il n’avait pas envie d’être un sans papier à 84 ans, il était rentré dans sa deuxième patrie depuis un an et demi. Il aurait fallu qu’il se paye un autre billet pour revenir se présenter à la préfecture sans aucune certitude d’obtenir son titre de séjour. Déjà la première fois qu’il s’est présenté au guillet, une jeune employée d’origine asiatique lui avait signifié de façon désagréable qu’il ne devait pas espérer d’aide de la part de l’état. Information pour laquelle mon père a rendu qu’il n’avait pas attendu qu’elle soit là où elle est pour se nourir par ses propre moyens et que lui était français malgré les apparences et qu’il l’a été bien avant lui, il a servi son Pays??? lui! Il était QUARTIER MAITRE dans la marine nationale française)

 Bon assez poussé le coup de « gueule »

Mon passeport était prêt dieu merci. et j’ai pû traverser la suisse dans un train de nuit où je n’ai même pas réalisé à quel moment nous avons passé Zurich.

Ouf. Je ne suis pas clandestine. Je suis chez moi en france et tellement française que parfois j’oublie que j’étais ivoirienne avant tout et que étant désormais française, il me fallait un visa pour rentrer voir ma famille là bas. Et ça c’est une autre paire de manche.

Pas d’inquiétude, je finis toujours par trouver une solution.

 

Contrôle de police/polizei

Passport please!

Bulle de vie, un peu en retard pour le post mais le voilà. Et pour vous mes autre lecteurs, j’aime bien délirer de temps à autre avec mes anecdotes à la willykean. Normal, je suis ce que je suis, il m’arrive beaucoup de gags comme à vous aussi mais ceux là frisent parfois les one woman shows.

Nous ne saurez pas tout en une fois, ce serait trop facile. Ce matin je poste ces faits divers à la willykean que j’ai vécus il y a quelques longues années déjà. Le voyage sera le thème d’aujourd’hui.

Tout le monde voyage, tout le monde à des souvenirs de voyages à raconter, les miens sont parfois assez cocasses. Surtout lorsque je pars dans des pays étrangers. Il y a toujours quelque chose qui ne va pas. Tenez, ça n’a rien à voir avec l’histoire que je m’apprête à vous conter mais quand on n’est pas willykean, comment peut -t-on oublier de faire renouveler son passeport avant même d’acheter son billet d’avion ou faire sa demande de visas avant les bagages?

Je pense être la seule a en avoir le secret! Bref, revenons à nos moutons.

En 1988, j’étais la « majordome » d’une comédienne franco allemande. Elle avait beaucoup de contrats en Allemagne et dans d’autres pays européens et par conséquent je faisais régulièrement le voyage france allemande avec elle.

Jusque là tout est normal. Là où ça se corse, c’est lorsqu’elle décide de partir à la montagne en Autriche en « m’emmenant dans ses bagages ». Et oui! on est majordome, prêt à partir n’importe où et n’importe quand.

Même ma Star d’employeur ignorait que mon visa pour l’Allemagne ne me permettrait pas d’entrer en Autriche. Nous voilà en route, le coffre de la voiture chargé comme pour une expédition en Patagonie.

C’est cool, je me réjouis d’avance pour le séjour à la montagne et en même temps j’ai une boule dans le ventre.. La neige, jamais vue de près, et faire du ski encore moins mais passons. Je suis heureuse de visiter d’autres contrées. Nous avons roulé toute la journée, j’ai fini par m’endormir en rabattant le siège à ma gauche.

Profondément endormie, je crois que je rêvais de chalets, tire fesses et autres lorsque je sens un faisseau de lampe torche sur le visage, j’ai d’abord pensé à une vision, oui après tout pourquoi pas, c’est mon côté mystique, j’ouvre tout doucement les yeux, je demande où nous sommes, si nous sommes déjà arrivés, il était tout de même une heure du matin!

je ne sais plus s’il m’a dit auf, ou raus..

Enfin je ne comprenais aucun mot d’allemand à l’époque? Mais je sais reconnaitre un uniforme de policier.

D’un ton sec, il m’ordonne de descendre et de le suivre au poste. J’ai soudain peur, les préjugés sur l’allemagne, l’autriche et tout le reste. Je le suis, Madame E aussi. Il lui fait savoir que sa présence n’est pas necessaire. Mais elle nous suit heureusement.

S’installe alors un dialogue de sourds, Il ne comprend aucun mot d’anglais, et moi pas l’allemand. Heureusement que Madame E s’est approchée.

Elle a fait un travail d’interprète remarquable.

« Il aimerait savoir où tu t’es fait délivrer ton passeport, le nom du commisaire qui l’a signé, la ville où tu es née, depuis quand tu es en france, ce que tu viens faire chez eux, pourquoi……etc, etc. »

Après traduction intégrale du passeport par Madame E, il m’a regardée droit dans les yeux et a dit  » nitch quelque chose »

Après toutes ces palabres inutiles, je ne passe pas.  Il faut que je reparte à Munich d’où je viens. A une heure du matin. Avec qui ou dans quelle voiture? Allez savoir. Madame E  peut rentrer en Autriche et moi c’est retour à la case départ.

Elle commence à paniquer aussi. Comment va t- elle faire pour me ramener à Munich, elle tente de convaincre le policier de me laisser passer, rien de rien, il est implacable sous sa casquette.

Heureusement, il y a des heureusements, arrive son collègue, il doit être un accro de télé ou cinéphile. Il aperçoit Madame E et son visage s’illumine.

« Got » C’est bien C E que je vois là, oh là là là là là.

Il se précite sur elle chercher un calepin à faire dédicacer devant l’air bête, hagard et indifférent de son collègue.

« tu ne l’as pas reconnue? C’est CE!

 Une aubaine, Madame E saisit la perche. Son fan explique à son collègue que c’est une grande star. Il faut être indulgent pour une fois, tout en nous faisant promettre de ne plus essayer de rentrer chez eux sans visa.

Ouf. ensuite celui qui avait mon passeport toujours entre les mains, me l’a marqué à coups de tampon? Je n’ai pas compté, une bonne dizaine, la page entière, je me demande encore aujourd’hui pourquoi.

La surface de la page a été martelée à coup de tampon et toun toun toun toun et toun!

Voilà pour l’autre, puis au retour à Munich, il a fallu faire un détour à Venise pour un tournage  avant de rentrer en France et là aussi rebellote, quatre jours pour trouver le moyen de rentrer en france en transitant par zurich sans descendre du train de nuit avec ce même passeport sans visa de transit prévu…. ça ce sera pour une autre fois.

Je suis ce que je suis

 

LES QUINQUAS ONT ENCORE LA RAGE

Hier comme aujourd’hui, chômeur je suis, actif je reste… Hier on m’a dit :  » Oh, oh, je vois bien sur la photo de votre CV que vous avez largement dépassé la quarantaine, dites moi si je me trompe? »

Alors j’ai répondu : « oh, oh, mais non, vous ne vous trompez pas, j’ai bien largement dépassé la quarantaine! »

Hier toujours, on m’a répliqué : « je ne vous vois pas intégrer une équipe qui a entre 25 et 30 ans, je ne vous vois vraiment pas. »

Alors hier, comme tous les autres jours depuis six mois, je n’ai pas trouvé d’emploi. Parce qu’hier, comme tous les autres jours la société ne veut plus de moi….. »

Cet extrait du post de Jean-François Altmayer du vendredi 23 mai, m’a ramenée quelques années en arrière lorsque pour changer de métier, j’ai décidé de suivre une formation à l’AFPA.

Les premières réactions ne se sont pas fait attendre… à commencer par le mari de ma meilleure amie qui m’a laissée entendre que à mon âge ( 40 ans) on ne songe pas à changer de métier. On reste où l’on est.

Quand au consultant qui m’a réçue pour mon bilan de compétence, il m’a suggéré de ne rien changer à ma situation et de profiter du fait d’avoir ma « croûte » déjà assurée.

A l’Anpe, la conseillère m’a fait remarquer qu’i était plus facile pour moi de trouver un poste pour faire ce que j’appelle « petits boulots » que de vouloir une formation diplomante.

Assistante maternelle, aide familiale étant donnée que j’en avais déjà fait auparavant pour manger.

Ma réponse fut la suivante:

 » Pensez vous que mes parents, lorsqu’ils me scolarisaient dans le temps, ont rêvé de me voir faire carrière en tant que femme de ménage ou garde d’enfants? (loin de moi l’idée de dénigrer ce métier, je l’ai fait pour me sortir de situations difficiles et je me suis appliquée à ma tâche… sans pour autant vouloir finir dans cette branche)

Non, Je ne crois pas, j’ai fait des études, j’ai été à l’université, j’ai immigré en france pour espérer changer de vie… Ce n’est pas dans l’intention de partir à la retraite comme femme de ménage mais pour trouver du travail dans ce que j’ai étudié, ce que l’on m’a appris. Et puis si je voulais trouver du travail dans ce domaine particulier, je ne serais pas venue vous voir. Je sais trouver toute seule. »

Mon discours l’a laissé perplexe. On voyait bien qu’elle n’était pas contente mais elle a fait preuve de professionnalisme et a continué l’entretien.

Des situations comme celles là  ne sont pas isolées, Le problème aujourd’hui c’est de se sentir coupable d’être noir, vieux ou que sais -je d’autre;

Pendant ma recherche de stage toujours avec ma condition de « vieille », noire et immigrée intégrée, j’ai dû affronter plus de préjugés d’ordre différent..

Les CV avant l’entretien avaient la côte sauf au moment oû l’on décelait mes origines pendant l’entretien téléphonique. Ou alors, comme pour Monsieur Altmayer, j’étais trop vieille pour intégrer une équipe de jeune. La seule fois oû oh mon dieu! , on m’a trouvée trop jeune pour occuper un poste, c’était il y a 3 ans quand après avoir insisté pour connaitre les raisons de leur refus, un RH m’a répondu que ma candidature les intéressait énormément sauf que malheurement pour moi, ils ont dû faire le choix difficile entre une personne de 55 ans qui avait plus besoin du poste et de ce revenu que moi.

Très citoyen n’est ce pas? On sélectionne les plus méritants selon l’âge ou la couleur? L’important c’est de se retrouver dans les limites du barème: pas trop vieux, pas trop jeune, pas de couleur, pas de passé de petits métiers…. pas de projets de fonder une famille parfois…

Aurais je dû le prendre comme un compliment (pour une fois que je n’étais pas  » trop vieille » ou comme une farce????

Désormais ma devise c’est de « dégainer » avant l’autre.

Je dis : »Bonjour, je vous préviens que je suis noire, d’afrique, j’ai 47 ans et trois enfants. Si cela vous pose un problème, inutile de continuer la conversation. Cela nous évitera de perdre du temps mutuellement et je ne vous en tiendrai pas rigueur… »

Je suis ce que je suis; je ne peux ni arrêter le temps, ni me dépigmenter la peau pour plaire à qui que ce soit…