Cela fait un moment, trop long à mon goût que je n’ai plus partagé les us et coutumes de chez moi. La mode n’est pas ma seule passion. J’ai beau m’intégrer dans ma nouvelle patrie, ce n’est pas une raison de tourner le dos à ma culture africaine.
J’ai assisté l’année dernière à une fête traditionnelle ivoirienne: des images pleines de couleurs, beaucoup de souvenirs remontés en surface… Le thème de la fête, c’était le rituel funéraire pour les personnes âgées.
La soirée a démarré comme toutes les fêtes, seulement ponctuée par ces rituels qui font la richesse de notre culture.
Tout d’abord nous avons eu droit à la danse qui permet de conjurer le mauvais sort. Selon les croyances de tous les peuples africains et des agni dont ils s’agit ici, il y a toujours un dieu qui protège tous les hommes, et les femmes qui ont un certain pouvoir, en fait on pourrait dire qu’elles sont le pillier de la société. Puisque d’après la tradition, la seule apparition d’une femme pratiquement en tenue d’Adam suffit à apaiser ou à contrecarrer toute mauvaise volonté.
Ici elles se sont enduies d’argile blanche (kaolin), le blanc est signe de pureté; en temps normal, elle devraient toutes apparaitre avec pour seul vêtement leur leur « bikini » africain. Mais nous sommes en 2009, en France, alors je comprends que la timidité et la réserve l’aient emporté. Seulement quelques femmes ont osé ôter leur tissu pour apparaitre en tenue d’Eve (avec leur « bikini » bien entendu).
Ce rituel a été suivi par la cérémonie proprement dites: le Noolo. Le Noolo est un rituel funéraire exécuté pour les défunts d’un certain âge, les chefs, ou les rois.
A l’est de la Côte-d’Ivoire, au pays des Agni, les personnes âgées ont droit à des funérailles grandioses, rythmées par des manifestations musicales, dansées et chantées. Le noolo, expressions plutôt chantées, est exécuté en hommage au défunt. C’est un rituel qui vise à encourager les endeuillés, qui les aide à surmonter la douleur.
Au délà du Noolo, il y a aussi la danse kokoubè organisée lors de la célébration des funérailles, effectuée devant une cours de notables dans leurs tenues d’apparât où l’or occupe une place importante pour parfaire les pagnes tissés (Kita). Après avoir conjuré le sort, les femmes se sont changées pour revenir nous faire une demonstration de Kokoubè.
Le noolo peut être exécuté dès le premier jour des funérailles ou bien être organisé au cours d’une ou plusieurs veillées. En pays agni, on peut l’entendre indifféremment dans la journée ou dans la nuit. Ce soir là, nous avons eu droit à plusieurs exécutions de Noolo, devant une salle pleine à craquer et un parterre de « notables »
Précisons que le noolo des funérailles est réservé aux adultes. Et à ce qu’il paraît, réservé aux femmes déjà mères, chez certains groupes Akan.
En dehors de l’organisation de la fête qui manquait un peu de structure, je suis repartie de là impregnée de ma culture et d’images oubliées, résultat d’une intégration à ma culture d’accueil.
Mais il est dit chez nous que le séjour d’un tronc d’arbre dans l’eau ne le transformera jamais en crocodile….