Requiem pour un voyage

Willykean dans le « Far West »

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(pour les voyageurs, les bâches sont souvent relevées sur les côtés sauf par temps de pluie)

Vous avez lu il y a peu: recherche enjoliveur désespérément. Dans le Far West, entendez par là la region d’où je viens, si n’avez pas la voiture, il faut avoir du temps et du courage. Vous allez très vite comprendre pourquoi.

Il y a 17 ans, lorsque j’ai rencontré ma moitié, nous avons décidé après le mariage, de rendre visite à ma mère. Quoi de plus normal!  Sept heures de vol par Sabena, quelques jours à Abidjan  dans  la capitale puis expédition pour le Farwest.

Je ne voulais pas louer de voiture avec chauffeur comme pour la distribution des médicaments. Mon Viking de Normandie à donc eu droit à son baptème de terre. A 10 heures nous étions déjà à la gare routière pour réserver nos billets en partance pour l’ouest du pays.

Dépaysement total pour Monsieur. Deux heures d’attente pour remplir le car, de passagers, une heure de marchandage pour les taxes bagages, le chargement et tous les imprévus.

L’autocar quitte enfin la gare. Je ne me contenterai que de quelques gags qui ont pimentés notre voyage vers la ville de  transit, celle où il faut changer de voiture pour aller dans le village de ma mère.

Dans le car, Monsieur est assis côté couloir. Il a donc eu pour voisins chèvres et poules. Sans compter sa voisine de droite qui régulièrement cherchait une noix de cola, un curedent ou autre chose, dans son baluchon et qui, sans se géner, manquait à chaque fois d’éttouffer mon pauvre mari avec son postérieur.

Nous avons supporté ce manège pendant 6 heures. Arrivés donc dans cette ville où le car nous lâche, nous passons la nuit chez mon père. Puis le lendemain. Direction la gare à nouveau.

Le rapport avec un requiem? Patience…

Une fois à la gare, je vois des « bâchées » , des peugeots 404 avec des bâches. En général ça sert à tranporter des vivres en ville. Mais ici, c’est le seul moyen de transport. Ne me demandez pas l’âge des voitures ni s’il y a eu des contrôles techniques. Je ne saurai vous le dire sinon appelez moi dieu.

Sur place, j’observe les voitures, très inquiète. Mon père pour détendre la situation s’exclame:

« Celui qui montera dans celle ci, devra demander une  messe de requiem avant! »

Nous avons ri à gorges déployées. ça fait un bien fou. Je refusais de voyager dans une voiture pareille: carosserie au bord du démantèlement, rouillée, phares à peine en état.

« jamais on ne me fera monter là dedans, il faudra m’assommer avant »

Je fais le tour de la gare, je choisis une qui n’est pas trop abimée, puis je vais réserver les billets. Attention; si un jour vous y allez,si un syndicat vous répond à la question  » quand partons nous? »,s’il vous répond:  »  payez  seulement, on va partir très vite ».

Dites  » non  j’attends  un peu. POur dire je  prendrai  mon billet plus tard.

Parce que pour lui, très vite, c’était 18 heures. Nous avons dû nous restaurer, marcher dans la ville, encore et encore. J’ai compté assez de passagers pour savoir que nous allions bientôt partir.

Celle qui était à peu près bien, qu’on m’avait indiqué pour ranger mes bagages, n’était pas la bonne. Laquelle d’après vous?

Eh bien, celle qui nécessite une messe  de requiem!

Il était dix huit heures, je n’avais pas envie de rester  à la gare, alors je suis montée. Dans la bâchée, vous avez deux petits bancs face à face, d’où le surnom. Il faut s’accrocher où l’on peut? La route est cahoteuse, on saute, on se cogne la tête, il arrive même de se retrouver au milieu de la bâchée. Comme dans les manèges  à la foire du trône de vincennes.

Monsieur est privilégié. Il a eu la place près du chauffeur. Heureusement qu’il a eu l’ingénieuse idée de s’agripper au dessus de la portière en plus de la ceinture.

Les voitures sont un amat de ferrailles prèt à se disloquer et les chauffeurs roulent à tombeau ouvert. Là où j’ai failli avoir une attaque, c’est lorsque à l’approche d’un pont, ou de ce qu’il en reste, la voiture fait un bon de un mètre, la portière avant du côté de Monsieur s’est ouverte. Il a été plus rapide  heureusement, l’a rattrapée et refermée.  Ouf!

Si nous n’étions pas 20 heures, je serais en train de transpirer à grosses gouttes.

Nous sommes enfin arrivés au village. Sains et saufs. Il n’y a que le tailleur en lin beige que je portais qui n’a pas survécu. Boue, auréole de bancs pas très secs… Il était bon pour la poubelle.

Je ne raconte pas le retour aujourd’hui. C’étaient des situations aussi cocaces les unes que les autres…

Vous comprenez pourquoi, la seconde fois, j’ai loué une voiture avec chauffeur. Je n’avais pas envie de commander une seconde messe de requiem!