Lipton can do that! Moi un peu moins

Illustrateur, Bruno BAGOURD

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J’aime voir les campagnes publicitaires. Comme vous. Quelle influence elles peuvent avoir sur moi?

Aucune.  Les publicités ne sont que des divertissements pour moi. Je ne suis pas une buveuse de café, Nespresso me marquera parce qu’ils ont choisi de mettre en scène Georges Clooney.

Ne nous égarons pas. Ici il s’agit du thé Lipton.  Celle de Lipton me concerne particulièrement parce que j’ai été impliquée dans un projet de campagne pour le thé équitable. Pour sa campagne de thé équitable, ils avaient besoin d’illustrer les travailleurs kenyans en pleine cueillette, dans une plantation de thé. Le scénario est simple: une séquence qui part de la cueillette de la feuille de thé jusqu’à son atterrissage dans la hotte sur le dos de l’ouvrière. Simple comme une lettre à la poste. Avec le sourire en prime.

Je pense à mon costume, et j’essaie de me mettre en situation. Le thé, c’est précieux, beaucoup plus précieux qu’on ne le croit, pour celle qui le récolte que pour celui qui le consomme.

C’est souvent ainsi. Pareil que pour le café. On cultivé le café, on récolte  le café pour le vendre à ceux qui ont les moyens de le transformer. Il revient alors plus cher qu’à la récolte. Doublement cher pour le paysan. Cher parce qu’il s’est tué au travail, cher encore parce que une fois transformé et conditionné, le café devient innaccessible pour celui qui l’a cultivé et récolté.

C’est la même chose pour le thé. C’est pour cela que la séance photo a été plus ou moins compliquée.  On voudrait véhiculer une image de plénitude et de bonheur. L’ouvrière dont je jouait le rôle, devait exploser de bonheur lorsqu’elle qu’elle tient cette précieuse feuille dans la main. Je n’arrive pas à comprendre. Certaines publicités me laissent perplexe. ça été le cas pour cette campagne.

Il a fallu plusieurs essais pour enfin parvenir à donner ce résultat que vous pouver voir ci dessus.  Le problème?

Mon manque je joie de vivre pendant les prise de vue. Pourtant je suis d’habite assez joviale. Mais sourire comme vous voyez là dans un champ de thé avec une hotte sur le dos, pendant des heures, il m’était difficile d’imaginer ce genre de situation. Le moment était un peu trop solennel pour moi. Et il me paraissait même plus naturel d’adopter un air sérieux plutôt que de sourire jusqu’aux oreilles.

Pour moi,  on sourit quand on est en train de siroter son thé dans un salon avec un macaron, ou sur son canapé. On n’a pas envie de sourire lorsqu’on est épuisé, en plein soleil dans un champ.

Mais j’ai fini par trouver la force de sourire, de garder le sourire.  C’est la loi du commerce. Et puis, quand on a fait de la figuration dans Familienschande, un téléfilm allemand, que l’on a été la prétendue petite amie d’un autre figurant qui ne comprend ni un seul mot d’anglais ni de français.  Et que l’on doit jouer aux amoureux transits, je crois qu’il est possible de sourire jusqu’aux oreilles dans un champ de thé. De même que sur un plateau télé, on vous ordonne de sourire, de rire, de crier à des moments précis, de vous mettre debout même. Bon ça c’est une autre affaire.

La plupart du temps, on est volontaire pour participer à ces genres d’émissions. Dans une plantation de thé, ils n’ont pas vraiment le choix.

Mais je l’ai fait. J’ai gardé le sourire.  J’ai fait les photos pour Lipton. Et pour finir, sur toute la planche, qui nous a valu deux séances photos, il n’a été retenu que ma main, ma main en train de cueillir le thé. VOus parlez d’une affaire.

Finallement c’est peut être mieux ainsi. Ma pensée se lisait sans doute dans l’image. Un sourire qui en dit long.

Lipton peut le faire et cela ne m’empêche pas d’aimer le thé!

Yes, Lipton can do it.

Que pensez vous de la publicité?