Fête de générations chez les ébriés

 

Image de Kanzler , fête de génération à débrimou.

Pour voir plus d’images de taprognan ébrié, c’est ICI

Je me présente souvent comme une citoyenne du monde et je suis citoyenne du monde. Dans mon pays d’origine qui est la Côte d’ivoire, j’ai assimilé les cultures d’ailleurs avant de connaître la mienne. Quand on est voyageur dans l’âme, on absorbe plusieurs cultures pour en faire sienne.

Lorsque je vous ai parlé des rites funéraires en pays agni , vous auriez pu croire que j’appartiens à ce groupe ethnique. Je pourrais aussi vous parler des dioulas, des koulangos….

Aujourd’hui, les ébriés seront à l’honneur.  Ebriés de Anono. J’ai passé une partie de mon adolescence à Anono. Avant même l’émergence de ces cités résidentielles qui sont venues gâcher la vie paisible que nous menions au départ.

Ce petit village qui a longtemps résisté à la modernisation, avant de finir fagocité par les promoteurs, avait quelque chose de particulier, d’exceptionnelle. A commencer par la fanfare. Les Ebriés savent allier christianisme et tradition.

Toutes les années que j’ai vécu à Anono, il n’y a pas eu un réveillon de  nöel sans crèche vivante, sans fanfare au village.

Mais ce qui m’a le plus impressionée, c’est la fête de générations. Cette fête qui marque le passage des jeunes à l’âge adulte.

La fête de génération est une fête initiatique. Elle est marquée par une cérémonie à l’issue de laquelle, ces jeunes, désormais adultes, sont aptent à prendre la parole au cours des assemblées, à gérer les affaires du village. Les Ebriés comptent encore parmi les rares groupes ethniques en côte d’ivoire à avoir conserver leur patrimoine culturel.

La fête de génération s’exprime par des chants et  danses traditionnelles scandés par les femmes du groupe, pendant que les hommes, par catégories d’âge et de rang, font des démonstrations de danses mystiques et guérrières.

Les jeunes choisissent leur chef. Tous les jeunes qu’il représente organisent une quête pour lui offrir un trousseau.  Chaines et bagues en or massif, pagne kita, sandales abodjé se font concurrences.

Les femmes,  la tête parée d’or, maquillage d’argile blanche, avancent et dansent en rang sérré derrière les « guerriers ».

Abondance de nourriture et boisson ce jour là où spectateurs ou badauds sont les bienvenus.

Une danse guerrière, au cours de laquelle aucun faux pas n’est permis.  tous les 15 ans.  tous les membres de la génération, animistes ou chrétiens se retrouvent pour célébrer le passage à la maturité.

Pour plus d’info, voir le blog de André Silver Konan

 

Mouton retourné

L’hiver est presque fini. Et je parle de mouton retourné.

Ne me demandez pas comment trouver ce blouson en mouton retourné. C’était la tendance en 2007 et ça le reste d’ailleurs. Parce que, après tout, un manteau est un manteau. La seule différence c’est que le mouton est retourné.

En 2007 on voyait partout des vestes, des blousons et même des sacs en mouton retourné.

Je me suis dit mon dieu, mes aïlleuls se retourneraient dans leurs tombes s’ils découvraient la nouvelle tendance!

Pourquoi?

Je vais vous le dire. Tout simplement parce que le mouton est sacré chez moi. C’est la légende qui le dit. Notre tribu, celle des wélao, installés sur cette colline devenue notre village aujourd’hui, auraient été guidée et sauvée par un mouton en période de guerres tribales.

Epuisés, pourchassés, traqués par d’autres tribus plus féroces qu’eux les wélaos auraient croisé au dans la forêt un mouton qui les aurait conduit en lieu sûr. Bon je me demande encore aujourd’hui ce que le mouton faisait à cet endroit là.

Ils l’ont suivi jusque sur la colline, à un endroit stratégique d’où ils pouvaient voir l’ennemi arriver, et n’en sont jamais repartis. Et depuis ce jour, ils auraient juré de ne jamais faire de mal à aucun mouton, ni même d’en mangé (ce que nous traduisons par totem chez nous).

Mais comme dit souvent mon père, au délà des mers, le mouton devient une vache. (on oublie les coutumes et on s’adapte, on se simplifie la vie).

La légende persiste, elle est la base même de ma tribu. Mais en 2007, des vestes en mouton retourné ne représente aucun dilemme pour moi. Belle, bien coupées, élégantes, chaudes, je dirais qu’elles me protègent, que « mon ailleul » est toujours présent et qu’il veille sur moi même retourné et sur mon dos.

Elles sont un symbole de protection.

Moi en passionnée de mode, je rêve d’offrir cette jolie veste à mon époux. Elle est en mouton retourné. Là bas, ils diraient, le pauvre…

 

Moi je dis prenons la légende du bon coté, de celui où on la met à l’envers. C’est du mouton retourné soit mais très chic, élégant et bien chaud.

Parole de Wélao.

Funérailles en pays agni

Cela fait un moment, trop long à mon goût que je n’ai plus partagé les us et coutumes de chez moi. La mode n’est pas ma seule passion. J’ai beau m’intégrer dans ma nouvelle patrie, ce n’est pas une raison de tourner le dos à ma culture africaine.

J’ai assisté l’année dernière à une fête traditionnelle ivoirienne: des images pleines de couleurs, beaucoup de souvenirs remontés en surface… Le thème de la fête, c’était le rituel funéraire pour les personnes âgées.

La soirée a démarré comme toutes les fêtes, seulement ponctuée par ces rituels qui font la richesse de notre culture.

Tout d’abord nous avons eu droit à la danse qui permet de conjurer le mauvais sort. Selon les croyances de tous les peuples africains et des agni dont ils s’agit ici, il y a  toujours un dieu qui protège tous les hommes, et les femmes qui ont un certain pouvoir, en fait on pourrait dire qu’elles sont le pillier de la société. Puisque d’après la tradition, la seule apparition d’une femme pratiquement en tenue d’Adam suffit à apaiser ou à contrecarrer toute mauvaise volonté.

Ici elles se sont enduies d’argile blanche (kaolin), le blanc est signe de pureté; en temps normal, elle devraient toutes apparaitre avec pour seul vêtement leur leur « bikini » africain. Mais nous sommes en 2009, en France, alors je comprends que la timidité et la réserve l’aient emporté. Seulement quelques femmes ont osé ôter leur tissu pour apparaitre en tenue d’Eve (avec leur « bikini » bien entendu).

Ce rituel a été suivi par la cérémonie proprement dites: le Noolo. Le Noolo est un rituel funéraire exécuté pour les défunts d’un certain âge, les chefs, ou les rois.

A l’est de la Côte-d’Ivoire, au pays des Agni, les personnes âgées ont droit à des funérailles grandioses, rythmées par des manifestations musicales, dansées et chantées. Le noolo, expressions plutôt chantées, est exécuté en hommage au défunt. C’est un rituel qui vise à encourager les endeuillés, qui les aide à surmonter la douleur.

Au délà du Noolo, il y a aussi la danse kokoubè organisée lors de la célébration des funérailles, effectuée devant une cours de notables dans leurs tenues d’apparât où l’or occupe une place importante pour parfaire les pagnes tissés (Kita). Après avoir conjuré le sort, les femmes se sont changées pour revenir nous faire une demonstration de Kokoubè.

Le noolo peut être exécuté dès le premier jour des funérailles ou bien être organisé au cours d’une ou plusieurs veillées. En pays agni, on peut l’entendre indifféremment dans la journée ou dans la nuit. Ce soir là, nous avons eu droit à plusieurs exécutions de Noolo, devant une salle pleine à craquer et un parterre de « notables »

Précisons que le noolo des funérailles est réservé aux adultes. Et à ce qu’il paraît, réservé aux femmes déjà mères, chez certains groupes Akan.

En dehors de l’organisation de la fête qui manquait un peu de structure, je suis repartie de là impregnée de ma culture et d’images oubliées, résultat d’une intégration à ma culture d’accueil.

Mais il est dit chez nous que le séjour d’un tronc d’arbre dans l’eau ne le transformera jamais en crocodile….

She is a Catherinette

Une catherinette au musée des arts décoratifs!

Vingt cinq novembre. Une très forte envie de voir l’exposition consacrée à Madeleine Vionnet. Nous nous replongeons dans les années 20 et trente. Mais inlassablement, quelques apparitions aux couleurs vertes me rappelaient que nous étions le 25 novembre, jour de la Sainte Catherine.

Les photos sont interdites au musée. Mais l’envie d’immortaliser ne serait-ce qu’une de ces têtes chapeautées me taraudait. J’ai armé mon petit Kodak, prête à le faire crépiter aussi vite qu’un éclair.

Le temps de m’approcher de Christelle, d’obtenir son accord et clac, clac, deux poses rapides, avant de me faire intercepter par un gardien.

Christelle était au musée avec quelques autres catherinettes et même un Katharos. Eh oui, il n’y a pas que les catherine. Les coeurs à prendre sont des deux sexes.  Les jeunes gens sont là, protecteurs des catherinettes mais n’en démeurent pas moins des coeurs à prendre.

Le 25 novembre, on célèbre les Catherine mais aussi les Catherinette, une tradition du XVIème siècle.

La catherinette est une jeune femme qui à 25 ans, n’est toujours pas mariée. Katharos, le prénom qui remonte de la grèce antique, est symbole de pureté. Ce jour là, les Catherinettes et les Katharos arborent un chapeau couleur verte et jaune.

La tradition est perpétrée aujourd’hui par les modistes. Et j’espère que cela ne s’arrêtera jamais!

Merci Kristal, d’avoir posé pour moi.

Mariage mixte en afrique

Costumes traditionnels

Les mariages mixtes ne concernent pas que l’union de ressortissants de pays étrangers. Les mariages mixtes sont aussi une affaire de régions d’un même pays.

Dans un pays comme mon pays de naissance(La Côte d’Ivoire), il y a beaucoup de métissage. Couples issus du nord et du sud, de l’ouest et de l’est, ou même parfois de l’ouest mais issus de sous groupes ethniques différents.

Il faut dire que en Côte d’Ivoire, nouss comptons une soixantaine d’ethnies et de nombreux sous groupes. Alors parfois, nous nous retrouvons soit avec des enfants et des parents polyglottes, ou avec moins de chances, des enfants un peu « perdus »: qui ne parlent que le français, langue de communication des deux parents.

Bref, le but n’est pas de parler du problème de langue, maiss de mariage mixte. Samedi, Frank et Patricia se mariaient. Frank est originaire du sud, Patricia de l’ouest. Souvent, dans ces cas là, il est de bon ton de finir la soirée par un petit rappel des coutumes ou encore une présentation des mariés en costume traditionnel.

Samedi soir, nous avons aidé les mariés à mettre leurs tenues traditionnelles. Patricia a été maquillée par quelqu’un de la famille: des ronds d’argile blanche fait avec un bouchon de bouteille sur les bras et le visage, un collier de corail pour la cheville, un au cou; Un morceau de tissu tissé de la région maintenu par une ceinture pour former une sorte de jupe, la petite chemise en dentelle blanche et l’autre morceau de tissu plié en quatre jeté sur l’épaule. Un balai pour la mariée et un pour l’accompagnatrice.

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Frank de son côté a été habillé par sa famille. Un turban pour la tête, une chemise en dentelle blanche et un kita, tissu patchwork , tissus de grande cérémonie chez les Akan, la chevalière et le grand collier de chef en or.

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Le tout en musique des régions respectives.

Patricia escortée par tous les membres de sa famille présents, suivie par Frank et la sienne.

J’en avais presque les larmes aux yeux!

L’excision: entre ignorance et tradition!

Pourquoi pleures-tu fillette?

Par ce jour ensoleillé 

Pourquoi n’es-tu pas en train de courir

Dans la nature avec les autres?

Battre de tes petits pieds

Si agiles et lestes,

La poussière de ta terre natale

Ces larmes qui se dessinent

Sur ton visage

Maquillé de poussière 

Sous le poids de ta douleur

Confie toi à la nature,

Si tu ne peux te reposer sur l’homme

Parle avec le fromager du village

Lui au moins te comprendra mieux.

Pourquoi pleures-tu fillette…?

On pourrait écrire à l’infini

Mais je m’arrêterai là…

L’image vous dira le reste, ce que vous ignorez, ce qu’elles ignorent,

ce dont elles ont hérité….

Texte de Hortense Kanhan (Willykean)

Photo: Amy Vitale

Cette photo illustre la souffrance que subissent les fillettes, et les femmes dans certains pays de l’afrique de l’ouest.

L’excision, on en parle sur Doctissimo et sur wikipedia est une pratique ancestrale qui perdure encore aujourd’hui malgré les nombreuses campagnes pour éradiquer cette violence faite aux femmes.

Je ne peux parler d’excision sans parler de Katoucha.

Katoucha fût la première top model noir en France mais aussi une figure emblématique de la lutte contre l’excision.

Elle nous a quitté en laissant en friche un combat qui touche plus d’une. On retient cette allure féline, ces yeux de chat, qui illuminait les podiums, mais aussi et surtout le combat qu’elle menait contre l’excision.

 

 

En 1994, Katoucha raccroche et crée sa propre collection. Peu avant sa mort, elle s’était lancé un nouveau défi: lutter contre les ravages de la dépigmentation, trop courante en afrique, et l’excision.

Dans une autobiographie, publiée en 2007, Dans ma chair, elle révélait l’excision subie à l’âge de neuf ans en Guinée, son pays de naissance, et son mariage forcé.

  » J’avais besoin de confesser ces moments douloureux. Ce livre est une sorte de thérapie. Mais j’espère ainsi aider d’autres femmes ou fillettes en détresse ».

Elle avait crée l’association « Katoucha pour la lutte contre l’excision ».

Elle combattait  un adversaire non palpable, bien enraciné dans l’esprit des populations d’afrique subsahérienne : l’ignorance et la tradition. Ami Vitale, comme beaucoup d’autres est convaincue que la meilleure manière de l’éradiquer, c’est de donner aux filles l’accès à l’éducation. Aider sans imposer, proposer des mesures de remplacement.

Et les petites filles arrêteront de pleurer….

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Histoire d’hymen!

Fait de divorce justifié ou simple moyen de s’émanciper!

J’aurais voulu laisser la polémique qu’aux journaux. Mais un fait récent me pousse à faire ce post.

Imaginez que vous êtes au restaurant, installée à votre table, en train de déguster votre plat et vous entendez malgré vous, la conversation des voisins.

Je ne suis pas coupable de curiosité, c’est mon oreille… Enfin j’étais en train de savourer mon déjeuner lorsque j’entends le premier Monsieur interroger son ami:

« tu as vu cette histoire? Ils en parlent à la télé. Le marié qui a demandé le divorce parce que sa femme l’avait trahi? »

« Ah cette histoire là !, ne t’en fais pas mon cher, en fin de compte c’est la mariée qui a répudié le mari »

 « Ah oui, comment cela est-il possible? »

« Eh bien, je vais te dire moi, parce que nous avons mené notre enquête; (bon j’ignore s’il est journaliste ou détective, il n’en a pas l’air en tout cas même si le métier n’est inscrit sur le visage de personne, bref, je l’ai cru, une autre option s’offrait au fait divers et je préférais celle là.

Pourquoi ce ne serait pas la femme qui répudie son mari? Pour en savoir plus, j’ai laissé trainer encore mon oreille, sans le faire exprès bien évidemment, et le premier Monsieur continue:

« Elle est toujours vierge, elle a dit ça pour se débarassser de l’homme. Elle était amoureuse de lui au départ mais il a changé du jour au lendemain et alors le jeune femme ne sachant quoi faire pour se sortir du pétrin a trouvé cette idée géniale d’avouer une faute fictive.

« Et ça a marché! »

 » Purée!, alors c’est ça, quelle rusée cette mariée!, qui aurait pensé à une idée pareille? »

Voilà, Je me réjouissais avec eux de ce option. Je Préfère que ce soit la femme qui répudie et non celle qui est répudiée. Mais après tout, si cela était vrai, elle ne serait ni la première ni la dernière à utiliser la ruse ou la provocation pour mettre fin à une union qui ne lui convient plus.

L’histoire ressemblerait tout bêtement à celle de ma cousine K  et la façon dont elle s’est émancipée d’un mariage qu’elle n’avait pas souhaité.

Appréciez par vous mêmes sur ces pages:

http://jeasuisaceaqueajeasuis.blogs.marieclaire.fr/archive/2007/11/16/comment-s-emanciper-d-un-mariage-force-iii.html

http://jeasuisaceaqueajeasuis.blogs.marieclaire.fr/archive/2007/11/19/comment-s-emanciper-d-un-mariage-oblige-iv.html

http://jeasuisaceaqueajeasuis.blogs.marieclaire.fr/archive/2007/11/24/comment-s-emanciper-d-un-mariage-force-la-fin.html

Et puis il y a aussi Le divorce à l’amiable toujours de ma cousine K

http://jeasuisaceaqueajeasuis.blogs.marieclaire.fr/archive/2007/07/24/divorce-a-l-amiable-tous-deux-redevables.html

http://jeasuisaceaqueajeasuis.blogs.marieclaire.fr/archive/2008/01/17/divorce-a-l-amiable-mariage-eclair-de-k.html

Bon dimanche et bonne lecture!